Parler de soi… quand on déteste ça

Parler de soi n’est pas évident quand on est introverti. C’est normal : nous sommes des personnes intérieures. Nous avons souvent du mal à exprimer ce qui est en nous. Parfois nous y arrivons, mais cela vient après un certain temps, après avoir pris le temps de nous ouvrir petit à petit à l’autre. Parler de soi immédiatement en croisant quelqu’un dans la rue par exemple : c’est très difficile.

Parler de soi est source de stress quand on est introverti

Une des choses dont je parle souvent sur ce site : c’est l’importance de poser des questions. De s’intéresser à l’autre, de manière sincère.

Pourquoi ? parce que c’est le meilleur moyen d’avoir une discussion relativement facilement, justement sans avoir à parler de soi. Sans avoir à raconter des choses. Cela évite d’avoir à se forcer à avoir de la répartie. Et les gens adorent qu’on s’intéresse à eux : faire parler les autres est un excellent moyen de nouer des liens, de se faire des amis. Pas besoin de faire de longs discours pour nouer des liens avec votre interlocuteur, il suffit bien souvent de lui montrer de l’intérêt.

Et bonne nouvelle : s’intéresser à votre interlocuteur (plutôt que de parler de soi) est un excellent moyen de prendre confiance en soi quand on est introverti. Tout simplement parce que cela va vous permettre de faire redescendre la pression de devoir parler. De devoir raconter quelque chose sur vous. De devoir parler de vous. De devoir vous présenter sous un certain jour.

Maintenant, le problème que l’on m’objecte bien souvent, c’est que si vous posez des questions à l’autre, si vous vous intéressez à l’autre, et ne parlez pas de vous, les discussions deviennent des monologues où vous ne faites qu’écouter l’autre. Ce qui n’est pas bien satisfaisant non plus, on est d’accord.

A une époque, j’étais passé au niveau expert dans l’art de m’intéresser à l’autre. Je n’avais plus vraiment de difficultés à suivre une conversation. Mais parler de soi était très compliqué pour moi.

J’arrivais bien à couper mes petite voix intérieures (celles qui se demandent sans cesse ce que l’autre pourrait bien penser de moi), et à être totalement orienté vers l’autre. Je regardais l’autre dans les yeux, lui posais des questions, montrais mon enthousiasme (ou au moins mon intérêt) pour ce qu’il me disait, pour ses propos, et je l’incitais à continuer en lui posant des questions sur lui, ses vécus, ses expériences, etc.

C’est top parce que les gens passent un bon moment avec vous. Ils apprécient votre écoute. Et vous n’avez aucun stress à devoir parler de vous.

Par exemple, au début de la soirée, je me demandais souvent comment commencer une conversation. De quoi j’allais parler. Mais finalement, quand vous entamez la machine, vous n’avez plus rien à faire d’autre que d’écouter l’autre et le relancer. L’autre parle de soi, et ne s’arrête plus.

Avec le temps, j’ai fini par me rendre compte qu’il y avait un gros problème à cette méthode : c’est que peu de gens savent rendre la pareille. Ils parlent d’eux sans s’arrêter, et ne vous posent pas de questions à leur tour.

Et je me suis alors retrouvé à passer des soirées entières à entretenir une discussion… qui allaient en grande partie à sens unique. Parfois, au bout d’un moment, la personne en face s’en rend compte. Et elle vous pose une question en disant qu’il faut qu’elle arrête de parler. “Qu’il faut surtout pas qu’on hésite à la couper pour parler nous aussi !”

Et aussitôt après avoir dit ça… elle repartait dans son monologue. Tout content de parler de soi.

Je ressortais bien-sûr de ce type de soirées avec un arrière-goût mitigé. Mi-figue, mi-raisin.

Heureux d’avoir passé un bon moment, d’être apprécié par l’autre, certes… mais souvent un peu agacé d’avoir si peu parlé de moi.

Après, ça dépend des personnes bien-sûr. Certaines savent bien vous poser des questions, et ça va dans les deux sens. Mais avec beaucoup de gens, ça ne marche pas.

C’est pourquoi il est utile d’apprendre à s’imposer, et à parler de soi, au moins un peu… même lorsque l’autre en face ne vous y invite pas vraiment.

Car souvent, l’autre attend de nous que nous nous imposions de nous-même. Ce n’est pas dans son fonctionnement de poser des questions.

Alors, comment parler de soi quand n’y est pas invité, et que ce n’est pas naturel pour nous ?

L’idée va être de se reconnecter à son moi intérieur. Ecouter votre monde intérieur, vos émotions.

Souvent, les émotions sont quelque chose qu’on a enfoui. On peut apprendre à les écouter, et à les exprimer. En réaction à ce que l’autre nous dit.

“L’autre raconte ceci : qu’est-ce que ça m’inspire ? qu’est-ce que je ressens en moi ?” Et ainsi, vous pouvez dire par exemple “ce que tu dis me parle tellement, c’est un truc que je ressens souvent, cette impression de…” et hop vous êtes parti pour parler de vous.

Vous pouvez également vous raccrocher aux expériences présentes, passées, futures, vos craintes et vos rêves, tout ce qui constitue votre personne. Ce que vous êtes réellement. Avec vos imperfections aussi… qui font de vous une personne attachante.

Ce qu’il faut, c’est éviter le pièce de se dire “qu’est-ce que je vais bien pouvoir dire ?”. Le piège de la pression de faire une présentation parfaite. Comme si on avait un pitch à faire devant un jury. Non, vous êtes là, avec quelqu’un, vous n’avez qu’à suivre ce qu’il dit, lui poser des questions, regarder comment cela résonne en vous et partager ce que cela vous évoque. Votre interlocuteur n’en sera que ravi, même si ce que vous dites n’est pas parfait, ou pas bien réfléchi à l’avance.

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Et pour aller plus loin sur ce sujet, cet article pourrait vous aider à comprendre comment avoir de la répartie quand on est introverti.